Le poirier Le Lectier

Origines et histoires

Le poirier Le Lectier est une ancienne variété née à Orléans dans les années 1880, issue d’un semis spontané de Williams pollinisé par Bergamotte Fortuné. Il doit son nom à Pierre Le Lectier, horticulteur et procureur du roi Louis XIII. La variété gagne rapidement en notoriété grâce à sa saveur raffinée. Elle se diffuse peu mais trouve un nouvel essor au Japon dès 1903, notamment dans la préfecture de Niigata, où elle devient une délicatesse saisonnière.
La poire Le Lectier se reconnaît à sa peau fine, jaune doré, parfois ponctuée de roux et marbrures . Il affiche un calibre généreux (250–400 g), une forme légèrement bosselée et une chair fine, très fondante, juteuse, équilibrée entre sucre et acidité, avec un parfum délicat et complexe.

Essentiellement autostérile, le poirier Le Lectier nécessite une pollinisation croisée (ex : Williams, Beurré Hardy ou Conférence).

On récolte les fruits à la fin d’octobre ou en novembre, selon le climat, puis on les laisse mûrir pendant 30–40 jours en atmosphère contrôlée. Ils se dégustent de novembre à janvier, offrant une fenêtre de consommation prolongée.

Histoire du poirier à travers les âges

Le poirier appartient à la famille des Rosacées. Il est originaire des régions tempérées d’Europe et d’Asie occidentale. Le monde compte entre 3 000 et 5 000 variétés. Avant sa domestication, les populations néolithiques consommaient déjà des

poires sauvages, des vestiges le prouvent.

En Chine, les habitants cultivent les poires depuis environ 2000 av. J.-C. Ils les utilisent en médecine traditionnelle pour leurs effets anti-inflammatoires, diurétiques et apaisants. Dans l’Antiquité grecque, Homère évoque le poirier dans l’Odyssée, présentant les fruits comme un cadeau des dieux. À cette époque, on consommait les poires uniquement cuites, car elles étaient indigestes crues.

À partir de la Renaissance, surtout sous Louis XIV, les agriculteurs ont travaillé l’hybridation et la sélection intensive. Ils ont ainsi obtenu des variétés savoureuses, bonnes à manger crues. Sous l’Ancien Régime, les poires constituaient un fruit de prestige, réservé à la noblesse et à la bourgeoisie. Les classes populaires se contentaient de pommes. Cette différence sociale a disparu après la Révolution française.